Anna Kingsford

Nous avons démarré en soulignant ces passages de Wikipédia qui disent tout ou presque.

Selon Wikipedia.fr [Anna Kingsford]

Anna Kingsford (née Annie Bonus, le 16 septembre 1846 à Maryland Point, dans le quartier de Stratford, à Londres, et décédée le 22 février 1888 à Londres) fut une militante féministeécrivainmédecinthéosophespiritualiste e thermétiste anglaise. Elle s’engagea également pour le végétarisme et contre la vivisection. Elle fut une des premières Anglaises à obtenir un doctorat en médecine.

Issue d’une riche famille londonienne, elle reçut une éducation classique, principalement à domicile. Au décès de son père, elle hérita d’une rente considérable dont elle devait conserver la complète jouissance, même une fois mariée, contrairement aux dispositions légales de l’époque. Désirant cependant travailler, elle se heurta aux préjugés de la société de son époque qui lui en refusaient la possibilité. En 1867, elle épousa un de ses cousins qui lui avait promis de lui laisser une entière liberté dans le mariage. L’année suivante, elle s’engagea pour le droit de propriété des femmes mariées et publia un pamphlet féministe.

En 1870, alors que son époux était pasteur anglican, elle se convertit au catholicisme et au végétarisme. Installée avec sa famille (elle eut une fille) à Atcham, près de Shrewsbury, elle acheta en 1872 un magazine londonien, The Lady’s Own Paper. Devenue directrice et rédactrice en chef, elle passa de plus en plus de temps dans la capitale. Là, elle découvrit la vivisection. Pour lutter plus efficacement contre celle-ci, elle décida de faire des études de médecine afin de vérifier par elle-même si la vivisection était nécessaire à la science. Les études de médecine étant interdites aux femmes au Royaume-Uni, elle partit pour Paris. Elle fut reçue docteur en 1880 avec une thèse, en français, sur le végétarisme. De retour à Londres, elle y ouvrit un cabinet médical où elle rencontra un grand succès, surtout auprès des femmes qui appréciaient d’avoir affaire à un médecin femme.

Elle se rapprocha dans les années 1880 des milieux ésotériques et hermétiques londoniens. Elle devint spiritualiste et théosophe. Plutôt chrétienne mystique, elle s’entendit mal avec les théosophes imprégnés de philosophies orientales. Elle fonda en 1884 l’Hermetic Society qui fut précurseur de l’Ordre hermétique de l’Aube dorée.

Elle décéda en 1888 d’une tuberculose. Elle est enterrée dans le cimetière de l’église St-Eata, celle où officiait son mari, à Atcham.

Famille et premières années

Annie Bonus était le douzième et dernier enfant du riche marchand et armateur londonien John Bonus et de son épouse Elizabeth Ann Schröder. Trois des enfants précédents (sept garçons et quatre filles) étaient morts avant la naissance d’Anna. La première fille (Ann, née en 1827) était morte de tuberculose en 1844. Sa mère trouvait que les deux enfants se ressemblaient et considérait qu’Ann était revenue en Annie. D’après le biographe officiel (et compagnon spirituel) d’Anna Kingsford, Edward Maitland, qui écrivit sa « biographie autorisée » Life and Letters en 1896, sa famille aurait été originaire d’Italie et aurait compté un cardinal extrêmement mystique. Ce pourrait être pour Maitland une façon d’expliquer ses aptitudes à la clairvoyance, cependant aucune preuve de ses trois affirmations n’existe. Très tôt (avant 1851), la famille d’Annie Bonus déménagea de Stratford à Blackheath. Des sept frères et sœurs survivants, l’aîné, John Bonus (1828-1909) étudia auWadham College d’Oxford. Il s’y rapprocha du Mouvement d’Oxford. Il étudia ensuite à l’Université de Louvain et fut prêtre catholique de 1852 à 1862. Il se lia alors d’amitié avec le sexologue Havelock Ellis, membre de la Fellowship of the New Life, qui le convertit au végétarisme. Henry Bonus (1830-1903) et Albert Bonus (1831-1884) travaillèrent dans l’entreprise paternelle. Edward Bonus (1834-1908) étudia à la Flested School dans l’Essex, puis devint vicaire de la paroisse de Hulcoot, dans le Buckinghamshire. Joseph Bonus (1836-1926) étudia à la George Monoux School (WalthamstowEssex) puis s’engagea dans l’armée où il atteignit le grade de major-général. Charles Bonus vécut de 1839 à 1883. Sa seule sœur survivante Emily Louisa (1841-1912) épousa le révérend Edward Gilliat, avec qui elle eut quatre filles,,.

Théosophie

 

Le spiritualisme apportait, selon Anna Kingsford, la preuve de la survie de l’âme après la mort et la possibilité de communiquer avec les morts. Elle se rapprocha de la théosophie qui, pour elle, permettait le contact et la compréhension mystiques du divin. L’idée de base de la théosophie est qu’il existerait une sagesse primordiale, qui précéderait toutes les formes de religion et de spiritualité qui en découleraient toutes. Par l’étude des différentes traditions religieuses et spirituelles, il serait possible de retrouver cette sagesse primordiale et de permettre à l’humanité de poursuivre son élévation spirituelleThe Perfect Way d’Anna Kingsford montrait qu’elle croyait en la réincarnation, aux corps astraux, au karma. Elle y considérait que l’être humain était responsable de son destin et y décrivait Dieu comme la « substance de l’humanité ». Elle avait donc naturellement été attirée par la théosophie où elle fut chaleureusement accueillie grâce justement à cet ouvrage,.

Les théosophes (Madame Blavatsky et Alfred Percy Sinnett en tête) appréciaient son travail et virent en elle une recrue de choix. Sinnett, dans sa critique de The Perfect Way, or Finding of Christ considérait bien que les connaissances occultes n’étaient pas toujours maîtrisées ou que l’insistance sur la divinité féminine était exagérée, tout comme les aspects chrétiens. Cependant, il le qualifiait aussi de « grand livre à la réception duquel l’Occident corrompu par une fausse doctrine religieuse n’était pas prêt ». Les attaques contre les aspects féministes entraînèrent une controverse entre Sinnett et Kingsford-Maitland en octobre et novembre 1882, jusqu’à l’intervention de Madame Blavatsky qui arbitra définitivement en qualifiantThe Perfect Way d’« œuvre remarquable »,.

 

Aussi, lorsque la duchesse de Pomar et Charles Carleton Massey suggérèrent à Anna Kingsford de se présenter pour assumer la présidence de la British Theosophical Society, elle n’eut aucune difficulté à se faire élire le 7 janvier 1883. Elle la rebaptisa « London Lodge of the Theosophical Society » (« loge londonienne de la société théosophique ») pour respecter le caractère unitaire et fraternel de la société théosophique. Elle faisait la comparaison avec la franc-maçonnerie : une seule franc-maçonnerie mais plusieurs loges. Elle annonça alors qu’elle désirait que la société étudiât d’un point de vue ésotérique toutes les religions, traditions et réflexions sur le divin : religion grecque antiquehermétismebouddhismevédisme et même le catholicisme,.

À l’automne 1883, Anna Kingsford eut à faire face à deux problèmes, d’importance différente, qui menacèrent la théosophie. Le premier était le lien qui se développait entre la théosophie et la National Secular Society de Charles Bradlaugh. Le journal de la société théosophique, The Theosophist, était publié depuis le siège en Inde. Pour lutter contre l’influence grandissante des missions chrétiennes dans le sous-continent, les rédacteurs indiens inclurent des publicités pour le journal sécularisteThe National Reformer et pour les publications des presses de la libre-pensée. Par réciprocité, Bradlaugh publia des publicités pour The Theosophist dans son journal. Mais, Bradlaugh et Annie Besant sortaient alors d’un procès retentissant en « obscénité » pour la publication d’un ouvrage néo-malthusienThe Fruits of Philosophy. De plus, Bradlaugh, qui venait d’être élu au parlement britannique pour Northampton, se voyait refuser le droit de siéger car on n’accordait aucune valeur au serment de fidélité d’un libre-penseur qui ne pouvait invoquer la protection divine. Anna Kingsford considéra qu’il était dangereux pour la théosophie de se trouver associée à des personnes et des publications matérialistes. Elle fut soutenue par Madame Blavatsky, dont le gourou Morya et le Mahatma Koot Hoomi lui avaient ordonnée de cesser de publier ces publicités. Le second problème qu’Anna Kingsford dut affronter était lié à cette relation avec le Mahatma Koot Hoomi. Il s’agissait de l’« affaire Kiddle ».

D’après Madame Blavatsky, une confrérie d’esprits supérieurs et éthérés, les Mahatmas, vivraient sur les hauteurs inaccessibles du Tibet et auraient choisi de lui révéler les secrets ésotériques à la base de toutes les religions. Un des modes de communication de ces Mahatmas aurait été la matérialisation de lettres contenant leurs enseignements. Ces « lettres des Mahatmas » servirent à la rédaction de The Occult World (1881) et Esoteric Buddhism (1883) de Sinnett. Or, le spiritualiste et médium anglo-américain Henry Kiddle découvrit qu’un paragraphe complet d’Esoteric Buddhism était le plagiat d’une de ses conférences de 1880. Le Mahatma Koot Hoomi se « justifia » dans une de ses « lettres » suivantes en écrivant que les idées de Kiddle flottaient dans l’éther, avaient été entendues et recopiées par un de ses disciples et lui avaient été attribuées. La révélation de ce plagiat (et donc d’une possible fraude quant à l’origine réelle des textes) causa beaucoup de tort à la théosophie. Anna Kingsford défendit la société en attaquant le concept des Mahatmas. Elle critiquait le besoin d’avoir recours à la révélation et donc à la superstition plutôt qu’à l’étude. Elle écrivit que la vénération d’autorités supérieures avait été la perte de toutes les religions dès lors que leur remise en cause était considérée comme un blasphème. Or, il n’était pas possible au sein de la théosophie de critiquer le Mahatma Koot Hoomi et Esoteric Buddhism y était de plus en plus considéré à l’égal de la Bible, comme un nouveau dogme. Pour elle, la vraie raison d’être de la théosophie était de sauver la vérité de la superstition. Les progrès de l’âme ne pouvaient se faire en acceptant les enseignements d’une autorité supérieure, mais par la réflexion et la raison.

Le fossé entre Anna Kingsford (et Edward Maitland) d’un côté et Madame Blavatsky et Alfred Percy Sinnett de l’autre se creusa pendant l’hiver 1883-1884. Anna Kingsford voulait continuer à étudier le christianisme et refusait le tout bouddhisme au sein de la société. Madame Blavatsky et Sinnett rejetaient tous liens avec le christianisme et insistaient sur l’enseignement des maîtres, les Mahatmas. Or, Anna Kingsford rappelait que lorsqu’on l’avait invitée à rejoindre la théosophie, voire à prendre la tête de la loge londonienne, il n’avait jamais été question d’accepter sans discussion l’enseignement des Mahatmas ou de leur obéir sans discussion non plus. Elle ne voulait pas non plus opposer étude du christianisme ésotérique et étude du bouddhisme ésotérique. De son côté, Madame Blavatsky commençait à regretter d’avoir recruté Anna Kingsford.

En décembre 1883, Anna Kingsford fit envoyer à tous les membres de la loge une lettre où elle présentait son point de vue et se défendait des attaques dont elle était l’objet. Elle y rappelait ses « qualifications » qui lui avaient permis de devenir leur présidente (The Perfect Way, ses dons médiumniques et ses diplômes scientifiques). Elle y refusait le dogmatisme d’Esoteric Buddhism qu’elle critiquait. Elle considérait que l’ouvrage était « matérialiste, exotérique et non-scientifique » et qu’il n’était « pas plus bouddhiste qu’ésotérique ». Elle suggérait de diviser la loge en deux branches. Une, qu’elle dirigerait, étudierait le christianisme ésotérique : la Section catholique de la Loge londonienne. L’autre, dirigée par Sinnett, étudierait le bouddhisme ésotérique des maîtres tibétains. Elle ne concevait pas les branches comme exclusives. Le 5 avril 1884 se tint le congrès la Loge londonienne de la société théosophique. Les versions divergent. Selon les récits d’Alfred Percy Sinnettet de Charles Webster Leadbeater, Anna Kingsford se présenta pour se faire réélire à la tête de la loge et se heurta à une très forte opposition de la part de la « faction Sinnett ».

Selon Henry Steel Olcott, un accord aurait été trouvé avant le congrès : Anna Kingsford ne se représenterait pas et prendrait la direction d’une « Loge hermétique de la Société théosophique ». Le congrès se déroula cependant dans un grand désordre, Henry Steel Olcott ayant des difficultés à maintenir l’ordre. Madame Blavatsky fit même une entrée théâtrale et obligea les « factions » à se réconcilier. En mai, Olcott décida que les théosophes devaient appartenir soit à la Société théosophique soit à la Loge hermétique de la Société théosophique. Anna Kingsford quitta la théosophie pour fonder son Hermetic society, déjà en germe dans la seconde réunion de la loge hermétique le 22 avril 1884.

Hermétisme

L’Hermetic Society commença donc en tant que « Loge hermétique de la Société théosophique ». La première réunion de la loge eut lieu le 9 avril 1884, chez Charles Carleton Massey. Parmi les personnes présentes, outre Anna Kingsford, Edward Maitland, Charles Carleton Massey et Henry Steel Olcott, se trouvait Oscar Wilde, accompagné de son frère et de sa mère, chez qui Anna Kingsford avait déjà été reçue. Après la décision d’Olcott d’interdire aux théosophes d’appartenir aux deux loges, le 9 mai 1884, la loge hermétique se transforma définitivement en Société hermétique. Lors de cette première séance, Anna Kingsford donna son interprétation, publiée ensuite dans Dreams and Dream Stories, de la légende de Saint Georges et le dragon : le dragon est le matérialisme, la jeune femme l’âme humaine que la société sacrifie au dieu de la consommation et Saint Georges est Hermès.

Lors des premières réunions de l’Hermetic Society, les orateurs furent Anna Kingsford et Edward Maitland, Charles Carleton Massey (qui avait lui aussi démissionné de la Theosophical Society), mais aussi Arthur Lillie, un ancien officier de l’armée des Indes britanniques et spécialiste du bouddhisme (preuve que celui-ci n’était pas rejeté), ou le poète Roden Noel. Les thèmes abordés allaient de l’« herméneutique biblique » à « La nature et la constitution de l’ego » en passant par « Le Rāma indien et ses liens avec les mystères d’Osiris et d’Éleusis ». Au printemps 1885, l’affluence moyenne aux conférences était de trente-cinq personnes. Les comptes-rendus des réunions étaient publiés dans le journal spiritualiste Light. Les conférences d’Anna Kingsford furent reprises dans The Credo of Christendom publié après son décès en 1916,MacGregor Mathers participa aux travaux de l’Hermetic Society en 1886 et donna une conférence sur la Kabbale le 3 juin. Quant à William Wynn Westcott, il vint parler du Sefer Yetsirah. Les réunions rassemblaient alors jusqu’à cinquante personnes.

En fait, le passage d’Anna Kingsford par la Société théosophique l’avait définitivement convaincue qu’elle ne pouvait être le disciple de quiconque. Créer sa propre société lui permettait d’entreprendre ses propres recherches ésotériques et occultes. Elle mit alors au point une théologie personnelle, formée de christianisme, de magie de la Renaissance, de mysticisme oriental et de féminisme. Son parcours et ses engagements prennent une plus grande cohérence quand on étudie ses croyances. Son opposition farouche à la vivisection se comprend face à son idée d’une transmigration ascendante des âmes, s’améliorant de réincarnation en réincarnation, depuis les premières incarnations dans l’animal jusqu’à la disparition définitive du corps physique à la fin du cheminement spirituel. Son féminisme se comprend lorsqu’elle dit que l’âme est essentiellement féminine : « les mystères sacrés, que ce soient ceux de la Bible ou des autres religions, ont pour but de permettre à l’homme de se renouveler en développant son âme (la Femme Essentielle), et de devenir, à travers Elle, une image parfaite de l’âme Universelle ». Elle croyait en une androgynie essentielle des âmes et se considérait une continuatrice de la pensée de Swedenborg à ce sujet. Pour elle, les hommes (au sens du masculin) ne pourraient atteindre l’intuition complète de Dieu qu’en exaltant la Femme en eux. Dès lors, sa vénération pour la Vierge et donc sa conversion au catholicisme trouve aussi tout son sens,,.

Son Hermetic Society participait aussi de sa volonté de réforme chrétienne. Elle désirait l’utiliser pour faire repartir l’Église à zéro, grâce à une nouvelle « Église ésotérique ». Pour elle, l’Église chrétienne avait perdu de vue ses éléments fondamentaux issus de l’ésotérisme païen, principalement ceux des cultes à mystères hermétiques égyptiens ou grecs. Elle considérait la révélation christique comme la descendante et l’héritière de ces cultes et non comme la concurrente qui devait les éliminer. L’étude du néo-platonisme, du gnosticisme des textes platoniquespythagoriciens ou hermétiques, de la Kabbale ou du soufisme montrait pour elle que le christianisme participait d’un mouvement plus vaste et plus ancien. Elle voyait l’histoire du Christ comme une allégorie de la recherche de la perfection spirituelle inhérente à chaque être humain. Elle voulait que les membres de sa société hermétique travaillent à nettoyer le christianisme de tous les ajouts et distorsions qui s’y étaient agrégés depuis l’origine. Ainsi, ils en retrouveraient la doctrine originelle et réelle. Là se trouvait un autre point de désaccord avec les théosophes : pour eux, l’étude des traditions ésotériques et occultes prouvait les absurdités du christianisme et donc sa disqualification. Pour Anna Kingsford au contraire, cela montrait la capacité du christianisme à participer au renouveau religieux,.

Malgré ses premières critiques contre l’occultisme de Madame Blavatsky, elle s’y intéressa elle-aussi. Il semblerait qu’elle ait accepté avec enthousiasme la proposition que lui aurait faite MacGregor Mathers en 1886 de lui donner des cours. Elle avait déjà publié avec Maitland en 1885 sa propre version du Corpus Hermeticum. Cependant, elle désirait approfondir ses connaissances kabbalistiques et hermétiques afin de développer ses pouvoirs magiques. Elle voulait obtenir la maîtrise des forces élémentaires pour les diriger contre les plus célèbres vivisecteurs, comme Louis Pasteur. Elle considéra, en novembre 1886, que c’était elle qui avait, par la pensée, réussi à causer la mort de Paul Bert, qu’elle appelait « l’un des plus célèbres membres de la confrérie parisienne de vivisection »,.

L’Hermetic Society influença après la mort d’Anna Kingsford l’Ordre hermétique de l’Aube dorée.

Postérité

Dans les années qui suivirent la mort d’Anna Kingsford, Edward Maitland s’attela à l’édition posthume de ses « illuminations ». Il mit en forme Dreams and Dream Stories qui regroupe des rêves reçus entre 1876 et 1887. Ils datent principalement de l’année 1877. Oscar Wilde en fit une bonne critique dans Women’s World de février 1889Clothed with the Sun, publié en 1889, est une compilation de soixante-huit autres « illuminations » reçues entre 1877 et 1884, plus mystiques que les précédentes. L’ouvrage est considéré comme un complément essentiel au Perfect Way. Il fut admiré aussi bien par les chrétiens mystiques que par les théosophes, ainsi que par Arthur Edward Waite. En 1891, Maitland créa un éphémère groupe de réflexion, The Esoteric Christian Union, destiné à étudier les textes ésotériques d’Anna Kingsford qu’il appela « l’Évangile de l’Interprétation ». La société eut peu de succès, mais une de ses recrues fut l’avocat Samuel Hopgood Hart qui devint l’éditeur suivant des travaux d’Anna Kingsford. Il prit en effet le relais d’Edward Maitland après son attaque juste après avoir achevé la biographie Anna Kingsford : Her Life, Letters, Diary and Work,. Cet ouvrage fut dès sa parution controversé. Une partie des détracteurs se trouvait dans l’entourage même d’Edward Maitland et Anna Kingsford. Il fut reproché à Maitland de n’avoir donné que sa version biaisée des faits. Il s’y serait donné un trop grand rôle. Certains épisodes ne se trouvent que dans cette biographie et ne sont pas avérés par ailleurs. Ainsi, l’inimitié supposée de Frances Power Cobbe, évoquée par Maitland, est démentie par exemple par les annonces des conférences d’Anna Kingsford dans le journal de Cobbe. De même, il suggère dans l’ouvrage qu’Anna Kingsford et lui habitaient ensemble, platoniquement, quand l’étude des recensements montre qu’ils ont deux adresses différentes. Il lui fut aussi reproché d’avoir donné des arguments aux adversaires d’Anna Kingsford en proposant une version de sa vie la présentant comme plus illuminée qu’elle ne l’était vraiment. Enfin, Maitland détruisit tous les originaux : lettres, journaux ou conférences en sa possession, rendant impossible l’écriture d’une autre version que la sienne.

Le 1er mars 1888 fut fondée la Golden Dawn dont Anna Kingsford est considérée comme la « mère spirituelle », MacGregor Mathers et Westcott, deux des fondateurs, ayant fait partie de l’Hermetic Society. La recherche d’une « compagne spirituelle », trouvée en Mina Bergson, aurait été inspirée à MacGregor Mathers par le binôme Kingsford-Maitland. De son côté, Aleister Crowley la considérait comme une « femme immorale » (ce qui, pour lui, était positif, signifiant « en dehors de la morale victorienne ») et qui donc « a fait plus pour le monde religieux que quiconque depuis des générations ». L’occultiste Dion Fortune est quant à elle considérée comme une des successeurs et héritières directes d’Anna Kingsford : théosophe, elle préférait l’étude des spiritualités occidentales et sa « Community of Inner Light » suivait la même ligne de réflexion que l’Hermetic SocietyÉdouard Schuré, qui avait le même type d’idées qu’Anna Kingsford concernant le christianisme ésotérique (ainsi qu’il l’écrit dans ses Grands Initiés de 1889) ou les mystères d’Éleusis et les liens entre les deux, préfaça en 1891 la traduction française de The Perfect Way.

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