David Livingstone écrit sur les dessous de l’histoire depuis 30 ans et nous a accordé le droit de traduire plus de 170 de ses articles, soit le tiers de son incroyable Ordo ab Chao.


L’ascension du Front Populaire a porté un coup sérieux aux banques Worms, Rothschild, Lazard et autres industriels 1. Le Front Populaire était une alliance de mouvements de gauche et de la Section Française de l’Internationale ouvrière (SFIO) pendant l’entre-deux-guerres. Le Front Populaire a remporté les élections de 1936, ce qui a conduit à la formation d’un gouvernement d’abord dirigé par le chef de la SFIO, Léon Blum, et composé exclusivement de ministres républicains et de la SFIO. Le Gouvernement Blum a mis en œuvre diverses réformes sociales. Le mouvement ouvrier, qui s’est félicité de la victoire électorale, a lancé une grève générale, qui a abouti à la négociation des accords de Matignon, l’une des pierres angulaires des droits sociaux en France. Tous les employés ont reçu deux semaines de congés payés et les droits des syndicats ont été renforcés. Le Front Populaire se dissout à l’automne 1938, confronté aux dissensions internes, à l’opposition des mouvements de droite et aux effets persistants de la Grande Dépression.
Les banquiers ont donc décidé de créer un parti d’extrême droite, financé par les capitalistes, le Parti Populaire Français (PPF). Le président de la Banque Worms, Gabriel Leroy-Ladurie, a pris contact avec l’ancien membre du Parti Communiste Français (PCF) Jacques Doriot en 1936, pour fonder le Parti Populaire Français, un parti antisémite et anti-bolchevique qui prônait la « révolution nationale » 2. Le PPF s’opposait avec véhémence au marxisme et au libéralisme, et souhaitait également débarrasser la France de la franc-maçonnerie. Le PPF a reçu le soutien financier de la banque synarchiste Worms 3, les banques Rothschild et Lazard ayant également été parmi les premiers donateurs du PPF 4.

Le PPF de Doriot a attiré d’anciens membres de l’Action Française, des Jeunesses Patriotes, de la Croix-de-Feu et de Solidarité Française 5. La Croix-de-Feu a été financée par de grands industriels et banquiers comme André Michelin (pneus), Louis Renault (voitures) et François Coty (parfums et journaux). Les familles Wandel (munitions) et Rothschild (banque) en étaient également les parrains 6. De nombreux catholiques conservateurs sont devenus membres de la Croix-de-Feu après l’interdiction de l’Eglise catholique de soutenir l’Action Française en 1926, dont le jeune François Mitterrand 7.
Après la victoire du Front Populaire en 1936, Jean Coutrot est invité à diriger le Centre national de l’Organisation Scientifique du Travail (COST), créé par un décret officiel signé par Léon Blum et Charles Spinasse, qui devient ministre de l’économie nationale. Selon le Rapport Chavin, Coutrot est devenu un conseiller intime de Spinasse, un ancien membre de l’Ordre Nouveau. Coutrot a ensuite profité de l’occasion pour introduire le plus grand nombre possible de membres du Mouvement Synarchique d’Empire (MSE) dans le gouvernement. Il s’est également employé à saboter les efforts de réforme économique et sociale de Spinasse, tout en formulant des recommandations irréalisables 8.
Coutrot était également en contact avec le SSS, à l’origine le Svenska Nationalsocialistiska Partiet ou SNSP (Parti Social-Nationaliste suédois), créé en 1933 par Sven Olov Lindholm, pour servir de simple miroir du parti nazi allemand. En 1938, certaines parties du mouvement nazi suédois rompirent avec Hitler, et le NSAP changea son nom en Swedish Socialist Gathering (SSS) et remplaça sa swastika par un fagot de blé (Vasakärven), un ancien emblème suédois utilisé par le roi Gustave II Adolphe, appelé « Le Lion du Nord ».
David LIVINGSTONE
1 – Ceci. “Une banque collaborationniste : la banque Worms.” Agora (October 30, 2007). Retrieved from https://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/une-banque-collaborationniste-la-30816
2 – Ceci. “Une banque collaborationniste : la banque Worms.” Agora (October 30, 2007). Retrieved from https://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/une-banque-collaborationniste-la-30816
3 – Ceci. “Une banque collaborationniste : la banque Worms.” Agora (October 30, 2007). Retrieved from https://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/une-banque-collaborationniste-la-30816
4 – Jean-Paul Brunet. Jacques Doriot : du communisme au fascisme (Paris, Balland, 1986), pp. 262-263.
5 – Ibid., p. 92.
6 – Ibid.
7 – Pierre Péan. Une jeunesse française: François Mitterrand, 1934-1947 (Fayard, Apr. 1, 2014) pp. 23 à 35.
8 – Henry Chavin. Rapport confidentiel sur la société secrète polytechnicienne dite Mouvement synarchique d’Empire (MSE) ou Convention synarchique révolutionnaire (1941), p. 7.