David Livingstone écrit sur les dessous de l’histoire depuis 30 ans et nous a accordé le droit de traduire plus de 170 de ses articles, soit le tiers de son incroyable Ordo ab Chao.

Considéré comme l’inspiration « gnostique » de la Nouvelle Droite, Raymond Abellio faisait partie du comité de patronage de la revue Nouvelle Ecole du GRECE et a fortement influencé de Benoist 1. Le titre de la publication, selon de Benoist, était une référence à Georges Sorel et à sa « Nouvelle Ecole » de syndicalisme révolutionnaire 2. Dès le début, le GRECE et Nouvelle Ecole furent alliés à la Northern League et à Mankind Quarterly, dont le rédacteur en chef était Roger Pearson 3. Le représentant américain de Nouvelle Ecole était Donald Swann, un ami de H. Keith Thompson. En travaillant avec Swann, Pearson fonda le Journal of Indo-European Studies, qui allait devenir la plus importante revue de linguistique indo-européenne publiée aux États-Unis 4.
De Benoist considérait le christianisme comme une religion étrangère imposée au peuple indo-européen. La GRECE se distingue des autres organisations conservatrices traditionalistes par son intérêt spécifique pour les cultures germaniques et nordiques, son rejet du christianisme et du monothéisme, et son plaidoyer en faveur du néopaganisme. L’un des co-fondateurs de Nouvelle Ecole était Marija Gimbutas, et Mircae Eliade était membre du conseil consultatif 5. Gimbutas (1921 – 1994) était une archéologue et anthropologue lituano-américaine connue pour ses recherches sur les cultures du néolithique et de l’âge du bronze de la « Vieille Europe » et pour son hypothèse kourgane, qui situait la patrie proto-indo-européenne dans la steppe pontique.

À l’appui de leurs positions en faveur de la hiérarchie et de l’autorité, les écrits de Dumézil, le mentor de Michel Foucault, sont cités par de Benoist et Roger Pearson 6. Dumézil, un philologue comparatif français surtout connu pour son analyse de la souveraineté et du pouvoir dans la religion et la société proto-indo-européennes, a été critiqué pour sa politique fasciste. Dans les années 1930, Dumézil a soutenu l’Action Française et a tenu Benito Mussolini en haute estime 7. Parmi ses « plus proches collègues », on trouve Otto Höfler, qui faisait partie de la SS-Ahnenerbe, le collaborateur nazi Jan de Vries et Stig Wikander, qui avait une relation ambiguë avec le nazisme. Les universitaires Arnaldo Momigliano, Carlo Ginzburg et Bruce Lincoln soutiennent que Dumézil était en faveur d’un ordre hiérarchique traditionnel en Europe, que son intérêt pour l’héritage indo-européen peut être lié aux idées fascistes italiennes et françaises et qu’il était en faveur du fascisme français 8. Dumézil a été nommé professeur au Collège de France en 1949, et a finalement été élu à l’Académie Française en 1978 grâce au patronage de son collègue et compagnon d’études du mythe, Claude Lévi-Strauss, qui a développé la théorie du « tabou de l’inceste ». Lévi-Strauss était également un ami de Raymond Abellio.
David LIVINGSTONE
1 – Bar-On. “The Ambiguities of the Nouvelle Droite, 1968–1999,” pp. 333–351, 2001.2 – Philippe Lamy (sous la dir. de Claude Dargent), Le Club de l’horloge (1974-2002) : évolution et mutation d’un laboratoire idéologique (thèse de doctorat en sociologie), Paris, université Paris-VIII, 2016, 701, p. 120.
3 – M. Billig. Psychology, racism, and fascism. (Birmingham: A. F. & R./Searchlight, 1979).
4 – Coogan. Dreamer of the Day, p. 533.
5 – Coogan. Dreamer of the Day, pp. 533-534.
6 – Bruce Lincoln. Theorizing Myth. Narrative, ideology, and scholarship (University of Chicago 1999). p. 139.
7 – Stefan Arvidsson. Aryan Idols. The Indo-European Mythology as Science and Ideology (University of Chicago Press, 2006). p. 3.
8 – Ibid., p. 241 ff., p. 306.