David Livingstone écrit sur les dessous de l’histoire depuis 30 ans et nous a accordé le droit de traduire plus de 170 de ses articles, soit le tiers de son incroyable Ordo ab Chao.



Roerich, avec sa femme Helena, a été le premier à traduire en russe La Doctrine Secrète de Blavatsky. En 1919, les Roerich s’étaient installés à Londres où ils ont rejoint la scène théosophique locale dominée par Annie Besant. Artiste prolifique, les peintures de Roerich sont exposées dans des musées réputés dans le monde entier. Roerich est également l’auteur d’un pacte international pour la protection des institutions artistiques et universitaires et des sites historiques, connu sous le nom de « Pacte Roerich », pour lequel il a été nominé pour le Prix Nobel de la Paix. Les Roerich ont participé à la poursuite des aspirations des synarchistes de Saint-Pétersbourg pour l’Asie centrale, qui ont uni les martinistes, les agents doubles russes et les lamas tibétains. L’objectif ultime des Roerichs, généralement appelé « Grand Plan », a été inspiré par le Maître Morya, l’un des principaux « Maîtres Ascensionnés » de Blavatsky.
Les montagnes de l’Altaï – et, plus largement, la Sibérie – étaient au cœur même du Grand Plan, une composante indispensable du « Nouveau Pays », car Roerich pensait que l’Altaï deviendrait un double pour Shambhala – comme la légendaire terre de Belovod’e, ou le pays des eaux blanches, célébré dans de nombreuses légendes populaires russes, notamment chez les sectaires comme les Beguny. C’est pourquoi l’une des légendes de l’Altaï qui a le plus excité Roerich est le récit d’un vaste enchevêtrement de tunnels censés alvéoler les royaumes souterrains au plus profond des montagnes. S’inspirant des contes d’Agartha (ou Agarthi), Roerich imaginait un réseau complexe de tunnels et de chambres reliant l’Altaï à l’Himalaya. Même le Dalaï Lama a été entraîné dans les spéculations de Roerich, car, comme il le pensait, les tunnels de l’Altaï menaient jusqu’à Lhassa et au palais du Potala 4.


Les expéditions de Roerich ont été soutenues par la Joint State Political Directorate (OGPU), la police secrète de l’Union soviétique de 1922 à 1934. Le chef du « Département spécial » de l’OGPU était G.I. Bokii, un ancien membre de l’Ordre Kabbalistique de la Rose-Croix (OKR+C) de Papus, le « cercle intérieur » de l’Ordre Martiniste, et un adepte des rituels sexuels tantriques. Bokii avait mis Aleksandr Barchenko, également ancien membre de l’OKR+C, à la tête d’un laboratoire spécial au sein de l’Institut de médecine expérimentale de Moscou pour étudier l’hypnose, la télékinésie, la visualisation à distance et l’Extra Sensorial Perception (ESP) , dans le but de les utiliser à des fins d’intelligence.

La revendication de Saint-Yves d’Alveydre sur l’existence d’une confrérie secrète à Agartha, qui aurait été connue des sectes mystiques de l’Antiquité et des Templiers, sera plus tard le point de départ des recherches menées sous les auspices de l’OGPU 7. Après son arrestation en 1937 par l’OGPU dans le cadre de la Grande Purge, Barchenko a avoué au cours des interrogatoires comment il avait été approché en 1923 par deux membres de ce qu’il a appelé la « Grande Fraternité d’Asie », qui était censée être une organisation occulte chapeautant toute l’Asie intérieure, réunissant diverses confréries mongoles et tibétaines, des ordres musulmans et derviches et même des groupes sectaires juifs, hassidiques et chrétiens 8. Bokii était également membre de l’Edinoe Trudovoe Bratstvo (ETB), fondé par Barchenko, dont le but premier était d’établir un contact direct avec Shambhala, et qui comprenait de nombreux autres tchékistes et agents doubles britanniques, actuels ou anciens 9. L’ETB a duré jusqu’à sa dissolution par Staline à la fin des années 1930, suite à des accusations selon lesquelles leurs activités occultes faisaient partie de complots de trahison associés aux services secrets britanniques en Extrême-Orient.

Cependant, les expéditions de Roerich au Tibet ont été simultanément soutenues par le vice-président de l’époque, Henry Wallace. Wallace était également membre de la Theosophical Society. Selon Arthur Schlesinger, Jr, « la recherche de la lumière intérieure de Wallace l’a conduit vers d’étranges prophètes… C’est dans cette recherche qu’il a rencontré Nicholas Roerich, un émigré russe, peintre et théosophe. Wallace fit plusieurs faveurs à Roerich, notamment en l’envoyant en expédition en Asie centrale, soi-disant pour « collecter des herbes résistantes à la sécheresse ». Dans une lettre à Roerich, Wallace déclarait : « La recherche – que ce soit pour la parole perdue de la Maçonnerie, ou le Saint Calice, ou les potentialités de l’époque à venir – est le seul objectif qui vaille la peine. Tout le reste est un devoir karmique. Mais tout le monde est sûrement un Galahad potentiel ? Alors, puissions-nous nous efforcer d’atteindre le Calice et la flamme qui le surplombe » 12.

Roosevelt, en regardant la reproduction colorée du Sceau, a d’abord été frappé par la représentation du « All-Seeing Eye », une représentation maçonnique du Grand Architecte de l’Univers. Ensuite, il a été impressionné par l’idée que les fondations du nouvel ordre des âges avaient été posées en 1776 (1er mai 1776, fondation des Illuminati) mais ne seraient achevées que sous l’œil du Grand Architecte. Roosevelt, comme moi, était un maçon du 32e degré. Il suggéra que le Sceau soit apposé sur le billet de banque plutôt que sur une pièce de monnaie 14.
David LIVINGSTONE
1 – Victor & Victoria Trimondi. “The Shadow of the Dalai Lama – Part II – 12. Fascist occultism and it’s close relationship to Buddhist Tantrism.” Retrieved from http://www.trimondi.de/SDLE/Part-2-12.htm
2 – “His Holiness the Dalai Lama said Heinrich Harrer Will Always be Remembered by the Tibetan People.” Central Tibetan Administration.
3 – Nikolaj Rerih: Serdce Azii. New York _929, part 2, Šambala, list _0.
4 – Osterrieder. “From Synarchy to Shambhala,” p. 117.
5 – Ibid., p. 15.
6 – Frank Joseph & Laura Beaudoin. Opening the Ark of the Covenant: The Secret Power of the Ancients, the Knights Templar Connection, and the Search for the Holy Grail (Franklin Lakes, NJ: New Page Books, 2007) p. 28.
7 – Oleg Shishkin. “The Occultist Aleksandr Barchenko and the Soviet Secret Police (1923-1938)” Birgit Menzel, Michael Hagemeister and Bernice Glatzer Rosenthal, ed. The New Age of Russia: Occult and Esoteric Dimensions (Studies on Language and Culture in Central and Eastern Europe, Volume 17) p. 87.
8 – Osterrieder. “From Synarchy to Shambhala,” p. 118.
9 – Oleg Shishkin. Bitva za Gimalai (Moscow: Eksmo, 2003), p. 48; cited in Richard B. Spence, “Red Star Over Shambhala: Soviet, British and American Intelligence & the Search for Lost Civilisation in Central Asia,” New Dawn, September 25, 2005.
10 – Fr. L, “Esotericism and Espionage: the Golden Age, 1800–1950,” Journal of the Western Mystery Tradition, No. 16, Vol. 2. Vernal Equinox 2009.
11 – Edouard Saby, Hitler et les forces occultes: La magie noire en Allemagne. La vie occculte du Fuhrer (Paris: Société d’Éditions Littéraires et de Vulgarisation, 1939): 131, trans. N. Goodrick-Clarke in T. Hakl, Unknown Sources, p. 26.
12 – Terry Melanson. “The All-Seeing Eye, The President, The Secretary and The Guru.” Conspiracy Archive, (July 2001).
13 – Ibid.
14 – Ibid.
15 – Osterrieder. “From Synarchy to Shambhala,” p. 24.