Abraham Ibn Daud, loue Judah ibn Ezra dans son Sefer ha-Kabbalah, en déclarant que, en référence à « Quand j’ai voulu guérir Israël, l’iniquité d’Ephraïm a été découverte » (Osée 7:1), Dieu « a anticipé [la calamité] en mettant dans le cœur du roi Alphonse l’empereur de nommer notre maître et rabbin, R. Juda le Nasi b. Ezra, sur Calatrava et de mettre toutes les dispositions royales à sa charge » ¹. Judah ben Joseph ibn Ezra, aussi appelé ha-Nasi, a eu une influence considérable auprès d’Alphonse VII de Léon et de Castille. Au début de son règne, Alphonse VII réduisit les droits et libertés que son père accordait aux Juifs. Il ordonna que ni un juif ni un converti ne puisse exercer une autorité légale sur les chrétiens, et rendit les juifs responsables de la collecte des taxes royales. Bientôt, cependant, il devint plus tolérant, confirmant les Juifs dans tous leurs anciens privilèges et leur en accordant même d’autres, leur accordant l’égalité avec les chrétiens.

Après la conquête de Calatrava par les musulmans, en 1147, Alphonse VII plaça Juda à la tête d’une de ses forteresses et en fit plus tard son chambellan ². Le château étant difficile à défendre, Alphonse VII eut recours à l’aide des Templiers, qui se montrèrent cependant incapables de défendre Calatrava et l’abandonnèrent ³. En 1158, le roi Sancho III de Castille céda donc la forteresse de Calatrava à Raymond, abbé du monastère cistercien de Fitero, avec l’ordre de la défendre contre les Maures. Ainsi, Ryamond fonde l’Ordre de Calatrava, qui est officiellement reconnu par le pape en 1164, et il s’affilie étroitement à l’abbaye cistercienne de Morimond en Champagne en 1187. Un chapitre général tenu à Cîteaux donna aux Chevaliers de Calatrava leur règle définitive, qui fut approuvée la même année par le pape Grégoire VIII. Cette règle les obligeait à suivre les coutumes cisterciennes et à porter le manteau blanc cistercien avec la croix écarlate fleur de lisée. L’ordre participa à la reconquête chrétienne de l’Andalousie et fut récompensé par des concessions de terres en Castille et en Aragon ⁴.

Juda était un parent d’un parent de Moïse ibn Ezra (v. 1060 – 1140), appartenant à l’une des familles les plus importantes de Grenade, en Espagne. Moïse ibn Ezra est considéré comme l’un des plus grands poètes espagnols et comme ayant eu une grande influence dans le monde littéraire arabe. Son Arugat ha-Bosem cite des autorités comme Hermès (identifié à Hénoch), Pythagore, Socrate, Aristote, Platon, Pseudo-Empedocle, Alfarabi, Saadia Gaon et ibn Gabirol. Juda était également apparenté à l’étudiant de Bar Hiyya, Abraham Ibn Ezra, et partageait avec lui un ami commun dans Judah Halevi (v. 1075 – 1141) ⁵.

David LIVINGSTONE